La dame brune (1959/1969)
« Je
ne suis pas une grande dame de la chanson,
Je
ne suis pas une tulipe noire.
Je
ne suis pas poète,
Je
ne suis pas un oiseau de proie.
Je
ne suis pas désespérée du matin au soir.
Je
ne suis pas une mante religieuse,
Je
ne suis pas dans les tentures noires.
Je
ne suis pas une intellectuelle.
Je
ne suis pas une héroïne,
Je
suis une femme qui chante ! »
Le décor est planté, Barbara n’est pas une chanteuse mais une
« femme qui chante, féministe avant l’heure elle souhaite assumer son rôle
de femme mais ne pas se laisser enfermer dans les clichés. Elle réfute et
réfutera toujours le qualificatif d’intellectuelle car elle est consciente des
dangers qu’il peut recouvrir.
1958
Premier 45 tours 4 titres «La
chanteuse de minuit» avec notamment « l’homme en habit » (à ne pas
confondre avec «L’homme en habit rouge», sortie en 1974), « J’ai tué l’amour » et « j’ai troqué » (ses deux premières
chansons, dont elle n’avouera pas tout de suite être l’auteur…, et pourtant
l’une d’elle dévoile une part essentielle de sa
personnalité) :
« J’ai
tué l’amour,
Parce
que j’avais peur.
Peur
que lui n’me tue
A
grands coups d’bonheur.
J’ai
tué l’amour,
J’ai
tué mes rêves,
Aujourd’hui
j’en crève. »
(Barbara/barbara – 1958)
1959
Denise Glaser, célèbre présentatrice à la télévision tombe sous le charme de
Barbara et fabrique de fausses pochettes de disques pour l’inviter dans son
émission de référence dans le monde de la chanson française« Discorama ».
Ecriture de « Dis quand reviendras-tu ? » qu’interprèteront Caura Vaucaire et Mouloudji (la version masculine figure
d’ailleurs sur la partition)
Barbara à l’Ecluse (33 T Pathé
Marconi – Odéon / CBS) réunit plusieurs titres de
grands noms de la chanson, comme Brassens, Brel, Fragson
( la délicieuse chanson coquine « les amis de
Monsieur »)
1960
Barbara chante Brassens (33 T Pathé
Marconi – Odéon / CBS) Elle obtient le grand prix du disque.
45 tours « Barbara » (Odéon / CBS) avec De Shangaï
à Bangkok, Liberté, Chapeau bas, Vous entendrez parler de lui.
Barbara chante Brel (33 T Pathé
Marconi – Odéon / CBS)
Cette même année, elle est la vedette anglaise de Felix Marten à Bobino.
1962
45 tours « Dis quand
reviendras-tu ? » avec : « Le temps du lilas, Tu ne te souviendras pas, Dis quand
reviendras-tu ?, le verger en Lorraine.
1963
Album Dis quand reviendras-tu ? (33 T
CBS), qui
reprend la plupart de ses premières chansons en tant qu’auteur-compositeur
Passe aux Mardis de la chanson au théâtre des Capucines elle y
chante Nantes pour la première fois et
enregistre deux 45 tours avec notamment Nantes, J’entends sonner les clairons, Ce matin là, …
1964
Sortie de son 1er album chez Philips : « Barbara chante
Barbara », album surnommé « l’album à la rose », déjà fidèle à ses conviction, Barbara (qui détestait les photos) ne
souhaite pas y faire figurer son minois
et préfèrera le représentation « originale » de deux roses
dont les extrémités des tiges se rejoignent pour n’en former qu’une seule, faut
il y voir un symbole ? En tous cas ce disque sera celui de la consécration
puisqu’il obtiendra le Grand prix de l’académie Charles Cros en 1965 tant la
qualité d’interprétation, la rigueur musicale, et la qualité des textes sont
représentatifs de ce que Barbara sait faire de mieux et permettent de la
découvrir dans toute sont originalité. A noter la présence dans ce disque de
bon nombre de succès que Barbara chantera sur scène jusqu’à la fin de sa
carrière : Nantes, Pierre, Chapeau bas, Au bois de Saint Amand, et, A mourir pour mourir, chanson extrêmement
percutante et qui dérange,
revendicatrice d’une philosophie révolutionnaire, pour l’époque, une
chanson Punk !
Lors de cette même année, un admirateur Allemand, invite Barbara à chanter dans son pays, dans sa ville : Göttingen. Elle y découvre des
« enfants blonds » qui se débrouillent pour que les représentations
dans le petit théâtre de la ville soient une réussite. Pour Barbara, c’est
mieux qu’une réussite, c’est une réconciliation avec le passé, c’est une chanson
devenue un hymne à l’amitié des peuples qu’elle interprète pour la première
fois devant les premiers intéressés : les gens de Göttingen.
1965
Septembre La vedette est lancée !
La voila à l’affiche de Bobino, le public est au rendez-vous et découvre (en
même temps que les journalistes) le formidable potentiel de celle que l’on
nomme alors encore « la Chanteuse de minuit » en raison de l’heure à
laquelle elle se produisait à l’Ecluse, mais qui ne tardera pas à faire, d’un
prénom (emprunté à Varvara, sa Grand-mère russe), un grand nom du music
hall.
Deuxième disque chez Philips, deuxième succès, et toujours
la création de titres qui deviendront des classiques : Le mal de vivre, Toi, Une petite cantate, La solitude, Göttingen…
1966
Décembre Elle est sur la scène de
Bobino et se lève pour la première fois de son piano pour interpréter ce qui
deviendra LA chanson d’une artiste à son public (une chanson enviée par
beaucoup d’autres…) : Ma plus belle Histoire d’Amour.
1967
Sortie de l’album Bobino 67 avec une partie des chansons
du spectacle de la fin de l’année 1966, ainsi que de l’album Barbara Singt Barbara qui reprend en allemand la plupart de ses succès de
l’époque : Göttingen, Paris 15 août, Chapeau bas,… des chansons réécrites par
Walter Brandin pour le public d’outre-rhin qu’elle
retrouve au mois d’octobre sur scène à Göttingen.
Troisième Album studio sur lequel figurent Ma plus belle histoire d’amour, les rapaces, Madame, A chaque fois, et « Marie Chenevance » une chanson
énigmatique que je me permets de relier à
« Au cœur de la nuit », présente aussi sur ce disque, qui sera
appréciée plus tard par bon nombre de journalistes, au travers d’un filtre
psychanalytique comme étant révélatrice du drame évoqué par Barbara dans ses
mémoires (ainsi que L’aigle noir).
Passage à la télévision dans l’émission de Denise Glaser « Discorama » elle y évoque son physique qu’elle a
appris à adopter, à la question « quels sont les artistes que vous aimez
elle réponds : « …Je
trouve que Françoise Hardy est une Femme-fleur, que Madame Gréco est une femme
fourrure, il y a des gens qui n’apprécient pas Johnny Hallyday (alors encore
débutant), moi j’aime beaucoup Johnny Hallyday… »
En novembre, elle décide de quitter son appartement de la rue
Rémusat (Paris 16e), l’ombre de sa mère disparue plane sur les lieux
et Barbara décide d’en partir sans se retourner. Une chanson naîtra, plus tard,
de cet événement : Rémusat
« Moi
j’ai quitté Rémusat,
Le
jour ou vous êtes partie,
C’était
triste Rémusat,
Depuis
que vous n’étiez plus là »
(Rémusat
[Chanson]-1972 -Barbara/Barbara)
1968
Album Le Soleil Noir, avec la mythique chanson du
même nom, ainsi que, Mon enfance, L’amoureuse (une splendeur), Mes hommes, Joyeux Noël, Le sommeil (devenue en 1987 « Du
sommeil à mon sommeil »), du bout des lèvres, …
A l'initiative de Lucien Morisse,
directeur d'Europe1, elle se produit à l’Olympia pour la première fois le
22 janvier Le concert sera diffusé le 4 février suivant.
1969
Olympia 69
Barbara est à l’affiche de l’Olympia pour un récital, en
première partie elle reprend toutes les chansons qu’elle interprétait avant de
devenir Auteur-Compositeur : Brel (Sur la place), Brassens (la complainte
des filles de joie), Fragson (les amis de monsieur), Cuvelier (veuve de guerre, qu’elle reprendra en 1990 à
Mogador), Vincent Scotto (elle vendait des p’tits gateaux)
En seconde partie viennent les chansons de son propre répertoire
avec le soleil noir en point d’orgue, mais aussi La dame brune pour laquelle Georges
Moustaki (co-auteur) vient chaque soir l’accompagner à la guitare et lui donner
la réplique.
Lors de cet Olympia, elle annonce son intention de quitter la
scène :
« Cet
Olympia était un pari, ce métier une aventure, pas du fonctionnariat. Je
reprends la route car je ne veux pas revenir chaque fois comme une cousine de
famille.» (Barbara,
17 février 1969)
Elle finira par se raviser mais pour l’instant, elle à d’autres
ambitions : le théâtre et le cinéma. Cette décision d’arrêter sera
cependant un formidable moteur créatif pour les années qui suivent et qui
marqueront un tournant puisque Barbara décidera de changer de style en épousant
de très près la modernité de l’époque avec par exemple L’aigle noir qui sortira l’année suivante.
Parution en mars du double 33T « Une soirée
avec Barbara »
Enregistrement du récital de l’Olympia (PHILIPS)
Barbara et Rémo Forlani
commencent le travail sur la Pièce de théâtre « Madame » qu’il a
écrite spécialement pour elle et qui sera jouée début 1970 au théâtre de la
Renaissance. Parallèlement elle enregistre le disque des chansons de la pièce
dont elle a signé les musiques et qui comprends entre autres
« Amoureuse » et « Je serais douce », deux titres qui
figureront un an plus tard (réarrangés et un peu réécrits) sur l’album
« L’aigle noir ».
Sortie du 45 tours Moi je me balance B.O. du film La fiancée du
pirate de Nelly Kaplan