La louve
(1970/1980)
Aux matins frêles des lacs de neige,
Aux matins froids aux reflets grèges,
Aux soleils, frissons de l'hiver,
Je suis la louve solitaire.
(Chanson [extrait] F.Wertheimer /
Barbara)
1970
Représentations
de la pièce de théâtre « Madame »
Barbara
vient d’annoncer son désir de renoncer à sa carrière de chanteuse, elle a le
projet de monter sur les planches.Ce sera chose faite
avec la pièce de théâtre « Madame » dont la première représentation a
lieu le 23 janvier 1970 au théâtre de la renaissance.
Le
sujet de cette pièce met en scène une tenancière de bordel en Afrique, pendant
la décolonisation. Le public boudera cette pièce dont le personnage principal
correspond mal à l’image de la chanteuse. La pari
était osé, le sujet, sensé bousculer les consciences de la France bourgeoise de
l’après 68, ne parviendra qu’à choquer le public de Barbara habitué à une image
(peut être déformée, en tout cas incomplète) de chanteuse « comme il
faut ». Pourtant nous serions nombreux aujourd’hui à vouloir réapprécier
la Barbara Comédienne tant son jeu décalé (et un peu improbable) avait un
charme quasi « Durassien ». Rémo Forlani signe la pièce et
les paroles des chansons dont certaines seront reprises sur l’album L’aigle
noir.
Sortie de l’album « L’aigle
noir » en mai 1970
Cet album contient le succès du même nom qui reste et restera
l’empreinte ou l’image de marque de la chanteuse pour un public qui ne la
connaît pas forcément mais qui a su percevoir au travers de ce titre bon nombre
des qualités humaines de barbara. Les autres chansons
sont de petits bijoux qu’il serait dommage de ne pas découvrir :
A peine, Hop la ,Je serai douce, Amoureuse, Drouot, La colère, Au revoir, Le zinzin, bref cet enregistrement est un concentré
d’émotion et de délicatesse.
L’album original est réédité depuis le début, existe en CD et
maintenant en SACD (CD multicanal) disponible à la
vente.
A propos de l’aigle noir :
Cette Chanson existait avant la version que nous connaissons
tous mais accompagnée d’une orchestration beaucoup plus intime (orgue de
barbarie), et avec une strophe supplémentaire : « (…) l’oiseau
m’avait laissée seule avec mon chagrin (…) » que Barbara ne chanta plus ni
sur le disque, ni sur scène.
Il
semblerait que ce ne fût pas la volonté de Barbara d'en faire le tube que nous
savons mais d'un ingénieur du son à qui le manager de Barbara aurait dit
"Faites-en un tube !"...
Elle
a longtemps été considérée par certains amateurs de Barbara comme une chanson
mineure et hermétique sinon "creuse" jusqu'aux révélations sur
l’enfance de l’artiste ... Aujourd’hui, cette chanson d’après certains
commentaires est une litote à part entière, la chanson « parabole »
d'un aveu déguisé. Cependant, je déplore de lire ici ou là (sur le web ou
ailleurs) certaines analyses déplacées qui ne tiennent pas compte d’une
réalité : Si Barbara avait voulu expliquer certaines étapes de sa vie en
détail elle l’aurait fait, et autrement mieux. Qui peut reprocher au poète de
suggérer une réalité dont il n’est peut être pas conscient lui-même,
l’expression artistique est un mystère qu’il vaut mieux ne pas explorer.
1971
Sortie du film
« Franz »
Le film se déroule dans une
pension de famille réservée aux fonctionnaires située à Blankenberge, station
balnéaire belge en bordure de la Mer du nord. Léon est en convalescence pour
une blessure de guerre à la jambe. Chaque jour, il envoie un pigeon voyageur à
sa mère (assez possessive...) avec un message. Arrivent un jour Catherine (la
blonde) et Léonie (la brune). Les deux filles ont des personnalités très
différentes. Catherine est la plus délurée des deux. Léonie semble plus
réservée. Les autres pensionnaires, tous des hommes, tournent autour de
Catherine. Il ne sont pas insensibles à son charme,
elle n'est pas indifférente à leurs avances. Léon lui n'a d'yeux que pour
Léonie. Léon et Léonie deviennent de plus en plus proches. Il lui raconte sa
guerre au Katanga. Tout le monde s'amuse de la maladresse de Léon face à
Léonie. Il n'ose pas lui parler et lui avouer qu'il l'aime. Les pensionnaires,
tels des collégiens font à Léon des blagues de potaches. Ils rient de leurs
malices. La mère de Léon vient troubler la relation entre Léon et Léonie. Léon
est triste, désemparé. Finalement Léon décide de partir. Il va sur le rivage et
s'enfonce dans la mer. Il ne sait pas nager. Léonie retrouve sur un quai de
gare sa famille : son mari et sa fille...
(Résumé :
dvdtoile.com)
Réalisation :
Jacques Brel. Avec Barbara, Jacques Brel, Danielle Evenou.
1972
Sortie de
l’album « La Fleur d’amour »
Superbes compositions aux
empreintes tantôt Jazz (l’indien,
la fleur, la source et l’amour, c’est trop tard), tantôt classiques (Vienne, la
solitude (2ème
version), l’absinthe). Reprise de la chanson les
rapaces, et gravure de la chanson éponyme du film de Jean-Claude Brialy : Eglantine
(très émouvante). Catherine Lara signe les arrangements de ce disque.
Pour l’anecdote, William
Sheller raconte que lors d’un voyage à Vienne il chercha longtemps sans la
trouver la ville de « Lountachimo » citée
dans la chanson Vienne avant que Barbara ne lui rétorque amusée :
« C’est normal, c’est moi qui l’ai
inventée ! ..»
« Toi tu n’es pas Verlaine,
Toi tu n’est pas
Rimbaud.
Mais quand tu dis je t’aime,
Oh mon Dieu que c’est beau,
Bien plus beau qu’un poème
De Verlaine ou Rimbaud.»
(L’absinthe [extrait] –
1973 - Barbara/Barbara)
1973
L’oiseau rare
Film à sketchs de Jean-Claude Brialy.
Barbara y interprète Miss Blitz-Balfour, une Diva excentrique
recluse dans son appartement parisien avec pour seule compagnie un poisson
rouge et un oiseau en cage…
Avec Barbara, Jacqueline Maillant, Anny
Duperey, Micheline Presle, Tonie Marshall, Pierre
Bertin.
Amours
incestueuses
De plus en plus moderne et avant-gardiste, Barbara s’entoure
pour cet album des plus grand noms (Etienne Roda-Gil, Catherine lara, et même Paul Eluard pour le poème Printemps).
Beaucoup d’ampleur dans le chant, parfois même un peu d’emphase, mais surtout une
maîtrise et une inspiration hors pair sur des thème
choisis dont la plus grande chanson antimilitariste qui soit (si ce n’était
aussi une chanson d’amour) : Perlimpinpin.
Amours
incestueuses, Le bourreau, Printemps, Rémusat, Colère (reprise modernisée de
« la colère »), Perlimpinpin, Accident, La
ligne droite (en duo avec Georges Moustaki), Clair
de nuit.
« Et
voir jouer la transparence au fond d’une cour aux murs gris ou l’aube aurait
enfin sa chance…»
La louve
L’album révolutionnaire aux accents de rock. Les arrangements
sont signés William Sheller, les textes sont de François Wertheimer et la
musique de Barbara. Certains des textes sont volontiers hermétiques, toujours
très poétiques, beaucoup sont de nature biographique et dépeignent les amours
impossibles ou tourmentées (La louve, Marienbad, Le minotaure, Je
t’aime), l’exigence de la création artistique et la femme de caractère
(L’enfant laboureur, Les
hautes mers), la disparition (chanson pour une absente, [devenue musique pour une
absente sur l’intégrale], Là-bas), mais aussi deux autres
chansons plus légères (Mr Capone et Ma
maison). Un album à découvrir absolument (si ce n’est déjà fait).
« Et
si le noir pour moi est couleur de lumière, la raison que m’importe, et qu’elle
aille aux enfers ! »
1974
9 Février
1974 Barbara est au théâtre des variétés
(Jusqu’au 12
mars 74)
Elle
s'accompagne au piano et bien sûr Roland Romanelli
est à l'accordéon, à l'accordéon électronique, au piano électrique et à
l’éminent. C’est un spectacle plutôt intimiste pendant lequel beaucoup des
titres des trois albums studio précédents sont interprétés.
Le disque
porte le titre : « Enregistrement public au théâtre des
Variétés »
L’album est
sorti en novembre 1974 chez Philips, Il a été enregistré en février 1974 au
théâtre des Variétés en public. La prise de son est de Roger Roche, les
arrangements musicaux sont de Barbara et Roland Romanelli.
La photo du recto est de Michel Laguens, les photos à l’intérieur et au verso (très belles)
sont de Nico Van Der Stam. Ce disque comprend 23
titres. En complément, une autre chanson sortira en 45 tours et sera souvent
reprise en radio, il s’agit de l’homme en habit rouge.
1975
Barbara est à
l’affiche de Bobino 29 janvier au 2 mars 1975
Elle y
interprète pour la première fois :
Les insomnies, Cet enfant là, Fragson, L’amour magicien , et La mort.Des chansons qui
seront reprises sur l’album studio « Seule » qui suivra cinq ans plus
tard. L’inspiration de certaines d’entre-elles est marquée par une période de
doute et de remise en question de la femme qui la pousseront à certaines
extrémités malheureuses relatées dans Les insomnies.
Pendant cette
période, Barbara participa à de nombreuse émissions de télévision notamment
celles de Maritie et Gilbert Carpentier qui avaient
beaucoup insisté pour la faire venir, elle qui n’aimait pas la télévision et
prétendait qu’elle allait faire peur aux enfants…
1976
Je suis né à Venise, Film de Maurice Béjart réalisé pour la télévision dans lequel Barbara joue son propre rôle et interprète plusieurs de ses chansons.
1978
Olympia 78
(Du 6 au 26 février 78)
Lors de ce spectacle sont crées de
nouvelles chansons inédites Il automne (où Barbara
conjugue un néologisme de son cru : le verbe « automner »,
et dans laquelle elle décline magistralement les joies et les peines de
l’automne, sa saison préférée) et La musique.
Barbara ne retournera pas à l’Olympia
et refusera longtemps les invitations de son directeur et créateur Bruno Coquatrix en répondant :
« Je reviendrai… mais quand
feras-tu enlever cette fichue colonne plantée au milieu de la salle ? »
La colonne a disparu depuis la
reconstruction du théâtre, mais Barbara n’aura pas eu le temps d’y rechanter et
pourtant l’acoustique de cette salle convenait parfaitement à sa voix, en
témoigne l’enregistrement public de ce spectacle.
(Photo tirée du Film de François
Reichenbach)
Enregistrement public à l’Olympia
(Réédition sur CD en 2005 longtemps attendue par votre
serviteur mais sur laquelle il manque la chanson « Toi » qui était
présente sur les vinyles originaux.)
La même année, François Reichenbach suit Barbara à l’Olympia et en
tournée et réalise un magnifique documentaire dont on parlera beaucoup et qui
sera salué par la critique. Le réalisateur ne se contente pas de filmer le
spectacle, il réinvente les chansons en intercalant des scènes de la vie
quotidienne ou des images d’actualité, démontrant, s’il était nécessaire, le
réalisme et la sincérité de l’œuvre de Barbara.
1979
Tournée, puis début du travail de réflexion avec Gérard
Depardieu sur ce qui deviendra l’œuvre autobiographique romancée en chanson de
Barbara :
« Lily Passion ». (1ère représentation en
1986).
1980
Sortie de
l’album « Seule ».
Seule, Les insomnies, Cet enfant
là, Mille chevaux d’écume, Fragson, L’amour
magicien, Il
automne, Monsieur
Victor, la
mort, la déraison, Précy-jardin et La
musique.
Cet enregistrement sera pour beaucoup un triste
témoignage : celui de la voix qui s’enfuit, et l’on se perd en écoutant ce
disque à tenter de retrouver la fraîcheur et la pureté de cette voix perdue.
Pourtant, la tendresse, l’émotion et la justesse des propos et de la musique
sont présentes et c’est bien là l’essentiel.
Comme jour,
Comme nuit,
Comme jour après nuit,
Comme pluie,
Comme cendre,
Comme froid,
Comme rien.
(…)
Comme épave perdue,
Je me cogne et me brise,
Comme froide,
Comme grise,
Comme rien,
Je suis seule.
(Seule [extraits de
la Chanson]-1980 -Barbara/Barbara)